Avant même l’arrivée des Européens sur le continent américain, les populations Quichuas (l’une des ethnies les plus importantes en Amérique du Sud, dont les femmes de la coopérative avec lesquelles nous travaillons font d’ailleurs partie), exploitaient déjà la tagua en la buvant (lorsque la graine n’est pas encore mûre, elle est sous forme de laitage sucré), soit en la sculptant pour en faire de petites statuettes ou des bijoux.
Au milieu du 19e siècle, il est possible de trouver les premières traces d’exportation de la graine à destination de l’Allemagne. Les Allemands sont en effet les premiers à exploiter les propriétés intéressantes de la graine : sa légèreté et sa facilité de travail. Elle est alors utilisée pour fabriquer des boutons (qui jusqu’ici étaient faits en ivoire animal, en nacre ou en bois) ou des petits objets de décoration, voire des touches blanches de piano.
D’abord jalousement exploité par les fabricants allemands, qui en cachent d’ailleurs l’origine pour limiter la concurrence, le commerce de la tagua explosera sur le plan international au début du 20e siècle, principalement suite à la création du Canal de Panama en 1914, facilitant les exportations depuis l’Amérique du Sud.
Malheureusement, cet essor sera de courte durée : la Seconde Guerre Mondiale aura un impact néfaste sur l’exportation de la graine, ses principaux importateurs étant européens (principalement l’Allemagne et l'Italie). Mais c’est véritablement l’essor du plastique à la sortie de la Guerre (moins cher et malléable à l’envie) qui rendra rapidement cette matière obsolète et provoquera l’effondrement de son commerce.
Autrefois intensément exploité, le palmier pousse aujourd’hui à l’état sauvage. Seules quelques familles de cultivateurs vivant aux abords de la forêt amazonienne s'occupent encore aujourd’hui de récolter la graine pour des productions quasi-exclusivement locales (sculptures d’animaux pour les marchés touristiques).